Ce colloque traitera des métamorphoses du religieux et du sacré en contexte laïque, notamment à partir de la notion de “religion séculière” développée par Eric Voegelin et Raymond Aron, mais aussi de “religiosité séculière” forgée par Albert Piette.
Pourquoi naissent ou semblent progresser, de nos jours, les religiosités séculières ?
Par quels mécanismes se diffusent-elles et à quels besoins répondent-elles ?
Faut-il y voir la preuve que l’homme continue d’être cet « homo religius » (pour emprunter à Mircea Eliade) qu’il a toujours été, et par conséquent insister sur un continuum ; ou doit-on plutôt envisager de manière disruptive la sécularité qui les sous-tend et qui semble dénaturer quelque peu le champ religieux tel qu’il se déploya pendant près de deux millénaires ?
La forme diffuse et flottante des religiosités séculières est-elle vraiment inédite, ou renoue-t-elle avec les formes antiques d’un religieux qui ne se laissait pas encore enfermer dans la cage d’acier des institutions ? Les religiosités séculières sont-elles aussi structurantes et fédératrices au plan intra-communautaire, pour nos contemporains, que les grandes religions monothéistes traditionnelles ?
La politique incarne-t-elle toujours un sacré laïque ?
Que traduit l’association apparemment paradoxale des sphères sacré et profane, telle qu’elle s’exprime dans les religiosités séculières et le sacré laïque ?
La multiplication de ces religiosités, leur caractère diffus, leur propension à gagner l’ensemble de la sphère profane, sont-ils le signe d’une vitalité du sentiment religieux ; ou, au contraire, cette fragmentation de référents communs, cette dissémination de cadres normatifs naguère rigides et qui renvoyaient à un Dieu clairement identifié sont-ils les symptômes d’une banalisation pathogène de la religion, d’une dilution anomique des éléments qu’elle portait naguère ?
Faut-il voir dans l’apparition d’un sacré laïque la marque d’une sacralisation de la vie profane, ou d’une profanisation de la notion de sacré ?