Convent de Wilhemsbad en 1782 (extraits)

11 Mai 2012 | Textes de référence

Aime ton prochain autant que toi-même et ne lui fais jamais ce que tu ne voudrais pas qu’on te fît. Sers-toi du don sublime de la parole, signe extérieur de ta domination sur la Nature, pour aller au-devant des besoins d’autrui et pour exciter dans tous les cœurs le feu sacré de la vertu. Sois affable et officieux, édifie par ton exemple; partage la félicité d’autrui sans jalousie. Ne permets jamais à l’envie de s’élever un instant dans ton sein, elle troublerait la source pure de ton bonheur, et ton âme serait en proie à la plus triste des furies.

Pardonne à ton ennemi; ne t’en venge que par des bienfaits. Rappelle-toi toujours que c’est là le triomphe le plus beau que la raison puisse obtenir sur l’instinct, et que le Maçon oublie les injures, mais jamais les bienfaits.

En te dévouant ainsi au bien d’autrui, n’oublie point ta propre perfection. Descends souvent dans ton cœur, pour en sonder les replis les plus cachés. La connaissance de soi-même est le grand pivot des préceptes maçonniques.

Etudie enfin le sens des symboles et des emblèmes que l’Ordre te présente. La nature même voile la plupart de ses secrets; elle veut être observée, comparée et surprise souvent dans ses effets. De toutes les sciences dont le vaste champ présente les résultats les plus heureux à l’industrie de l’homme et à l’avantage de la société, celle qui t’enseignera les rapports entre Dieu, l’univers et toi, comblera tes désirs et t’apprendra à mieux remplir tes devoirs.

Dans la foule immense des êtres dont cet univers est peuplé, tu as choisi, par un vœu libre, les Maçons pour tes frères. N’oublie donc jamais que tout Maçon, de quelque religion, pays ou condition qu’il soit, en te présentant sa main droite, symbole de la franchise fraternelle, a des droits sacrés sur ton assistance et sur ton amitié. Fidèle au vœu de la nature, qui fut l’égalité, le Maçon rétablit dans ses temples les droits originaires de la famille humaine; il ne sacrifie jamais aux préjugés populaires, et le niveau sacré assimile ici tous les Etats. Garde-toi d’établir parmi nous des distinctions factices, que nous désavouons: laisse tes dignités et tes décorations profanes à la porte, et n’entre qu’avec l’escorte de tes vertus. Quel que soit ton rang dans le monde, cède le pas dans nos Loges au plus vertueux, au plus éclairé.

Il est surtout une loi que tu as promis d’observer scrupuleusement: c’est celle du secret le plus inviolable sur nos rituels, cérémonies, signes, et la forme de notre Association. Garde-toi de croire que cet engagement est moins sacré que les serments que tu prononceras dans la société civile. Tu fus libre en le prononçant: mais tu ne l’es plus de rompre le secret qui te lie.